Le projet ESPOIRS en détail
La nature change à cause des activités humaines. Nous en sommes collectivement conscients et nous sommes désireux d’agir. Cependant, nos actions collectives sont généralement tournées vers les organismes charismatiques pour lesquels les menaces sont bien connues. Malheureusement, on connaît vraiment très peu la majorité de la biodiversité (c’est-à-dire, on connaît très mal la plupart des espèces vivantes et des écosystèmes), et donc on connaît encore moins les menaces qui pèsent dessus. C’est le cas notamment du milieu marin et de ses organismes, qui sont toujours très mal connus par rapport au milieu terrestre, alors qu’il y a aujourd’hui une accélération exponentielle de l’appropriation des ressources marines par les sociétés humaines. Les scientifiques essaient de documenter ces changements, mais ils n’ont pas assez de moyens pour le faire, et ils ignorent de nombreux impacts et changements. Pourtant, de tels savoirs existent dans la société !
Le projet ESPOIRS est né de ces constats : il est nécessaire de documenter les changements dans la nature, les scientifiques ne peuvent le faire seuls, et pour cette tâche les savoirs individuels et collectifs sont très précieux, d’autant plus qu’il y a cette envie d’agir collective. Nous ciblons le milieu marin à cause des déficits de connaissance, et en particulier les estrans pour leur facilité d’accès. Nous avons donc défini notre objectif de rechercher, dans une démarche collective science-société, des solutions pour documenter les changements de biodiversité sur les estrans et d’en déterminer les causes. Ne pouvant tout documenter, et certains changements étant déjà relativement bien connus (par exemple, la pêche à pied), nous avons choisi de nous concentrer sur des menaces dont l’effet est supposé important mais encore peu connu, et plus difficile à détecter : la pollution aux nitrates et les changements climatiques.
L’observatoire Algues Brunes et Bigorneaux du programme BioLit de l’association Planète Mer est le meilleur candidat pour nous : il documente déjà depuis plus de dix ans la biodiversité des estrans et il est bien implanté dans la société avec de nombreux participants et relais associatifs. Cependant, il est encore difficile de détecter les changements de biodiversité avec cet observatoire pour deux raisons. La première, c’est la répartition géographique et temporelle des données, qui rend difficile la détection des changements. Nous avons une idée de ce qu’il nous faudrait d’un point de vue scientifique pour atteindre cet objectif. Mais nous avons besoin de vous et votre savoir de terrain pour trouver comment harmoniser objectifs scientifiques et réalité terrain de l’observatoire Algues Brunes et Bigorneaux. La seconde, c’est qu’il n’intègre pas vos savoirs sur ce qui a changé, ce qui change, ce qui est peut-être en train de changer. Ces savoirs sont précieux, mais nous ne savons pas encore vraiment comment les inclure dans notre démarche scientifique de documentation des changements de biodiversité. C’est pour cela que nous avons fixé l’objectif final de créer des « bioindicateurs participatifs », qui intègrent vos et nos savoirs pour documenter comment la biodiversité change et quelles sont ses menaces.
Cette recherche a été financée en tout ou partie, par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) au titre du projet « ANR-23-SSRP-0011-01 ».
